Małgorzata Stankiewicz

Baltic Algal Bloom D1, 2020-2021, épreuve cyanotype unique sur papier sumi-e à partir d’une image satellite capturée par Copernicus Sentinel (2019) et traitée par l’ESA, ca. 31 x 42 cm © Małgorzata Stankiewicz

MAŁGORZATA STANKIEWICZ, Fondation Louis Moret

29.09 – 03.11.2024

Du 29 septembre au 3 novembre 2024, la Fondation Louis Moret à Martigny présente une exposition monographique dédiée au travail de l’artiste zurichoise Małgorzata Stankiewicz (née en 1986 en Pologne).

Depuis 2016, Małgorzata Stankiewicz développe un corpus photographique résolument expérimental, à travers lequel elle explore une variété de procédés analogiques et de méthodes de tirage alternatives. Bien que sa démarche s’appuie sur des techniques photographiques, elle s’en éloigne tout autant, brouillant les frontières du médium. Les œuvres présentées n’ont pas pour vocation de fournir un témoignage journalistique ou la documentation d’un événement particulier. Au contraire, elles incarnent la perception intime et sensible de l’artiste par rapport à un sujet brûlant d’actualité : notre relation au monde que nous habitons et les liens que nous tissons – et qu’il nous arrive de briser – avec notre environnement.

Cry of an echo (2016-2017) raconte l’effroi d’une destruction imminente. Le 25 mars 2016, le ministre polonais de l’environnement approuve l’exploitation forestière d’une partie de la forêt de Białowieża, l’une des dernières forêts primaires d’Europe. Małgorzata Stankiewicz ressent alors le besoin viscéral de se rendre sur place. Pendant un mois, elle photographie, enregistre, documente cet écosystème en péril. Elle tente d’en capturer une trace, dans l’urgence de la sauvegarde. De retour à Zürich, elle se heurte à une problématique : comment rendre compte d’une dévastation à venir ? Face à ce dilemme, elle manipule ses tirages dans la chambre noire et adopte une approche destructrice. Masques, altérations chimiques et retouches manuelles traduisent sa détresse intérieure, faisant de sa protestation un geste poétique puissant.

Avec Lassen (2017-2019), l’artiste poursuit son exploration de la représentation photographique du paysage en proie à la crise climatique. Troublée par la manière dont les médias illustrent les sujets liés aux enjeux écologiques, elle cherche à en proposer une interprétation plus universelle. Les images documentaires habituelles, souvent fragmentaires et déconnectées de leur contexte, peinent selon elle à rendre compte de l’ampleur d’un phénomène global. Pour l’artiste, « Lassen est un voyage à travers un lieu à la fois réel et fictif ; un portrait métaphorique de la nature à l’ère de l’Anthropocène. » 

Enfin, viridescent, afire (2018-2024) explore le phénomène d’hypoxie aquatique dans la mer Baltique, où le manque d’oxygène rend la survie des organismes qui s’y trouvent impossible. Invisible, ce phénomène ne se manifeste visuellement qu’à travers la prolifération d’algues à la surface de l’eau. Confrontée à la difficulté de capturer cette réalité, l’artiste décide de travailler à partir d’images satellites produites par la NASA ou l’ESA. Elle opte cette fois-ci pour un procédé photographique non toxique, le cyanotype, et choisit de travailler avec de la soie, un support délicat et impermanent faisant écho à la fragilité des écosystèmes représentés.

Réunis pour la première fois, les travaux de ces trois ensembles dialoguent entre eux et s’articulent comme les chapitres d’une réflexion plus vaste sur les dynamiques de pouvoir entre l’être humain et le reste du monde vivant. Installées dans l’espace lumineux de la Fondation Louis Moret, les œuvres invitent à une méditation critique sur les dérives d’une vision anthropocentrique du monde, en interrogeant subtilement les répercussions de nos actions sur un environnement en perpétuelle mutation.

Exposition du 29 septembre au 3 novembre 2024, du mercredi au dimanche de 15h à 18h. Entrée libre.


Finissage de l’exposition
En présence de l’artiste
Dimanche 03.11.2024
De 11h à 18h

  • 11h : Méditation sonore aux bols tibétains, guidée par l’artiste
    Durée : environ 45 minutes
    Conseil : portez des vêtements confortables et apportez une couverture ou un coussin si vous le souhaitez.
  • 14h : Atelier cyanotype, animé par l’artiste
    Un atelier pratique présentant la technique séculaire de l’impression cyanotype dans les jardins de la fondation. Les participants pourront créer leurs propres impressions à partir de plantes poussant à proximité ou d’objets trouvés, ou leur propre interprétation de l’une des impressions de l’exposition viridescent, afire, en utilisant les négatifs de l’artiste.
    Durée : environ 1h30
    Conseil : portez des vêtements susceptibles d’être tachés
    Atelier sur inscription : julie.dayer@hotmail.com (nombre de places limité)
    Remarque: L’atelier nécessite une météo ensoleillée. Il sera annulé en cas de temps nuageux ou de pluie.
  • 16h : Lecture collective
    Rejoignez l’artiste pour une lecture collective de son prochain livre viridescent, afire.
    Durée : 30 minutes

Commissariat de l’exposition : Julie Dayer

L’exposition Małgorzata Stankiewicz fait partie du programme du Mois suisse de la photographie, dont la première édition a lieu du 30 août au 6 octobre 2024.

Cette exposition reçoit le soutien de Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture.

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Pierre-Alain Zuber

Sans titre, 2019, épicéa et hêtre, 175 x 75 x 40 cm © Pierre-Alain Zuber  / Photo : Robert Hofer

PIERRE-ALAIN ZUBER, Fondation Louis Moret

09.06 – 18.08.2024

L’exposition monographique dédiée au travail de Pierre-Alain Zuber réunit une vingtaine d’œuvres : des sculptures en bois réalisées au cours de cette dernière décennie. Le parcours d’exposition – chronologiquement varié, chromatiquement perçant tout en éclats de rouge – se veut comme une promenade au cœur du travail de l’artiste.

Depuis une quarantaine d’années – après avoir exploré le dessin, la peinture et, en sculpture, les qualités propres à des matériaux tels que le plâtre, le caoutchouc ou l’acier – Pierre-Alain Zuber travaille principalement le bois semi-usiné. Un bois qui a perdu son écorce rugueuse, ses formes tortueuses, ses senteurs de résine et qui s’apprête à être utilisé par l’industrie. C’est à ce stade-là qu’il intervient, séduit par les angles saillants des planches et des poutres dans les menuiseries, leur empilement ordonné, leur organisation géométrique. 

« Une pièce ne raconte pas autre chose que comment elle est faite ». Par ce propos, s’inspirant des tendances artistiques des années 1970, il se détache de toute intention narrative et travaille dans le champ des possibles suggéré par les propriétés physiques du bois – la sphère de la pure imagination étant trop vaste, infinie, et donc pour lui moins intéressante.
La couleur est travaillée dans une démarche similaire. Pour cette exposition d’été à la Fondation Louis Moret par exemple, l’artiste présente principalement des pièces rouge vif teintées. La teinture a la spécificité de rentrer en profondeur dans le bois et d’interagir avec lui.
Cette recherche dans la matière est conduite par l’artiste à travers une esthétique dépouillée, peaufinée par des influences minimalistes. 

Pourtant, à contre-courant de ce que l’on pourrait imaginer après cette introduction minimal, une certaine chaleur – humaine ? – se dégage des sculptures de Pierre-Alain Zuber. C’est peut-être la manière dont l’artiste parle du bois : « le mélèze est souple, traversé par de nombreuses veines ; le hêtre a plus de répondant ; l’épicéa a du nerf, il vit de tensions ». Ou encore la manière qu’il a d’apprivoiser ce matériau. En utilisant les mêmes techniques de base que celles de la menuiserie – mais aussi, pourquoi pas, de la chirurgie – Zuber coupe, sectionne, entaille le bois sans toutefois le transformer en quelque chose d’autre, ce n’est ni abstrait ni figuratif.
Il opère dans le bois en ouvrant de fines fentes dont le nombre détermine l’amplitude de la courbe donnée à la sculpture. Ces ajours répondent donc à une exigence technique, mais ils sont là également pour nous amener plus loin, tout en profondeur, dans un registre existentiel. Ils permettent à la lumière de traverser le bois et leur présence régulière, continue, répétée, crée une sorte de scansion temporelle. De même que l’empilement des secondes, des minutes et des heures charpente le squelette de nos journées, la succession d’entailles ponctuant les sculptures exposées inscrit physiquement le temps dans la matière.

Ce travail, effectué avec soin, lenteur et sensibilité, nous invite véritablement à sentir l’écoulement du temps et, par cette expérience sensorielle, il nous prédispose à un état d’esprit particulier. Nous sommes pris·e·s par l’envie de fissurer notre propre surface, le bloc compact de nos façades, et d’y regarder longuement à travers. Parfois une lueur y passe, alors on s’arrête, on l’observe, on la savoure, on prend le temps de s’émerveiller.

Marta Spagnolello, mai 2024

Exposition du 9 juin au 18 août 2024, du mercredi au dimanche de 15h à 18h. Entrée libre.

L’artiste sera présent à la Fondation Louis Moret vendredi 28 juin, samedi 6 juillet et dimanche 18 août (finissage). 

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RESCUE I, 2022 © Nicolas Fournier / Photo : Claude Cortinovis
Nicolas Fournier

RESCUE I, 2022, Huile sur toile © Nicolas Fournier / Photo : Claude Cortinovis

NICOLAS FOURNIER, Fondation Louis Moret

17.03 – 28.04.2024

L’exposition monographique dédiée au travail de Nicolas Fournier réunit une cinquantaine d’œuvres récentes (huiles sur toile et œuvres sur papier), dont la plupart n’ont pas encore fait l’objet d’une présentation publique. Des bribes de récits se juxtaposent et dialoguent dans un accrochage conçu comme un réseau visuel, nourri de références à l’actualité, à la science ou à la fiction. Une invitation à réinventer les images et les imaginaires.

« Après avoir évolué essentiellement dans la pratique de l’installation et du dessin, depuis une dizaine d’années Nicolas Fournier s’est découvert peintre. Cette rencontre avec la peinture a marqué pour l’artiste un passage décisif, voire bouleversant et a convergé vers un intérêt pour le monde minéral, en particulier pour le phénomène des météorites, leur impact sur la croûte terrestre et sur les acteurs qui gravitent autour de leurs découvertes.

Les images que l’artiste glane et dont il s’empare de manière très intuitive dans ses observations sur le terrain ainsi que dans les médias – presse écrite ou internet – sont ses sources privilégiées, modèles qu’il retranscrit ensuite en peinture de manière « réaliste », utilisant souvent le même cadrage et la même perspective. L’accrochage conçu pour les espaces de la Fondation Louis Moret alterne entre les lignes de force de quelques grands formats et des ensembles plus denses, où les peintures créent des parcours et se font écho, régies par des connexions formelles ou implicites, formant un grand et unique réseau.

Si le sujet est un déclencheur – missions dans l’espace, barrage, carrière d’exploitation, saline, fouille archéologique –, il finit par nous conduire ailleurs. En entretenant une familiarité avec l’actualité et avec l’avalanche d’images qui caractérise l’époque contemporaine, la peinture de Fournier nous place au premier abord dans le rôle du témoin ou du voyeur. Si elle nous donne l’illusion d’avoir une maîtrise sur les faits, de les considérer d’une froideur objective, elle nous transmet rapidement un sentiment de déroute et d’«intranquillité». Par le geste pictural et par une extraction des images d’un flux continuel et banalisant où elles auraient fini par disparaître, dans leur réapprivoisement et rematérialisation, au travers d’un autre médium, l’artiste choisit de les faire vivre et parler autrement. Ces images ne seraient-elles pas là pour nous dire que nous ne sommes pas obligés de croire à ce qu’elles racontent ? Que bien au contraire, tout cet affolement de l’être humain, entre découverte et exploitation, aurait peut-être quelque chose d’absurde, voire d’aberrant ?

Tout en nous plongeant dans une atmosphère d’apocalypse ou de catastrophe, dans un état superficiel d’attente et de mystère, la peinture de Nicolas Fournier possède une profondeur qui ne se dévoile qu’à une deuxième « écoute ». Elle semble vouloir nous dire qu’elle est là avant tout en tant que « peinture », libre de toute autorité. Sous des dehors codifiés et figuratifs, elle déploie le potentiel de réactiver les imaginaires, de creuser dans sa propre histoire, de tisser des liens, de découvrir un portrait de soi dans la constellation infinie de l’univers. »

Antonia Nessi, mars 2024

Exposition du 17 mars au 28 avril 2024, du mercredi au dimanche de 15h à 18h. Entrée libre.

 

Finissage

Le dimanche 28 avril à 17h, ne manquez pas une performance musicale organisée à l’occasion du finissage de l’exposition, en présence de l’artiste !

Le corps inerte d’un piano pourrait-il renaître sans qu’aucune touche ne soit jouée ? 

Grâce à quelques artifices mécaniques et électroniques, Gabriel Scotti vous propose « piano morte » une brève performance musicale pour un piano « mal » préparé.

Petit clin d’œil à John Cage en vue de mettre en résonance l’instrument avec les œuvres de Nicolas Fournier à l’occasion du finissage de son exposition.

 

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