Flavio Paolucci, « La cascina si è appoggiata », 2019, bronze et bois, 51x28x20 cm © S. Beretta
FLAVIO PAOLUCCI, Fondation Louis Moret
20.06 – 29.08.2021
« J’aime beaucoup regarder les choses, les toucher, sentir leur corporalité entre mes mains : les sens, et les yeux, surtout, sont les fenêtres à travers lesquelles nous connaissons le monde, l’outil qui donne à voir ».
(Flavio Paolucci)
Chaque jour, par tous les temps, Flavio Paolucci se rend dans la nature. C’est dans les environs de son atelier, à la périphérie de Biasca, qu’il découvre les éléments constitutifs de ses oeuvres. Une rencontre du regard qui peut conduire au choix d’un matériau – branche, feuille, noir de suie -, à sa collecte, puis à une lente phase d’observation et d’agencement dans le silence de l’atelier. La matière trouvée dans son environnement originel connaît ainsi une nouvelle vie, un nouveau destin, peut-être une forme de protection. Tout en conservant le fondement de son essence, elle est réelaborée, modifiée, juxtaposée à d’autres éléments, transformée en « objet-pensée ». De la nature à l’atelier, la métamorphose s’accomplit alors lentement, par l’oeil qui contemple et la main qui assemble. Les signes de l’alphabet de Paolucci dessinent au fil des années des équilibres et des combinaisons précaires, entre artifice et nature, matières pauvres ou nobles, signes iconiques (barque, colonne, maison, branche, feuille, œuf, étendard) ou géométriques (cercle, triangle, ligne verticale ou plane).
Ni sculptures, ni objets, ni reliefs, ni dessins, et pourtant tout cela à la fois, les œuvres de Paolucci s’offrent à nous tels des micro-récits dépourvus de narration, d’où émergent des bribes de rêve et des entités universelles évoquant la naissance, la vie, l’amour, la fragilité, la condition de tout être humain sur terre. Bien que pouvant trouver un écho avec l’Arte povera ou le surréalisme, la démarche de Paolucci reste résolument indépendante. Insoumise à une lecture symbolique immédiate, à l’écart d’un courant artistique ou idéologique défini, elle se distingue par son autonomie, par sa cohérence et par une recherche intemporelle et intérieure. D’une désarmante simplicité, d’une mystérieuse clarté, d’une inquiète tranquillité, l’œuvre de Paolucci, tout comme la poésie, ouvre à une expérience du monde et du regard toujours renouvelée.
Antonia Nessi
Exposition du 20 juin au 29 août 2021, du mercredi au dimanche de 16h à 19h.
Entrée libre, masque requis.
Flavio Paolucci, "La cascina si è appoggiata", 2019, bronze et bois, 51x28x20 cm © S. Beretta