Mireille Gros, 1954
Vit et travaille à Paris et Båle.

VENTCOULIS... PAPIERS
LA VIE EN GUYMAUVES
VENTCOULIS... PAPIERS

Mireille Gros, qui vit et travaille à Bâle et à Paris, présentait en 2005 La vie en guymauves, une exposition organique et botanique au titre inspiré par le jardin. Il y avait là sa fantaisie, sa détermination et sa liberté poétique ouverte sur le monde. Mireille Gros  aime les sonorités des mots et apprend le chinois; elle voulait appeler sa suite de dessins Les montagnes appartiennent à ceux qui les aiment plutôt qu’à un lieu géographique.. Elle a laissé un cartable plein de dessins à l’encre inspirés des découpes des horizons montagneux, libres.

Mireille Henry, vit et travaille à Choindez (Jura), commune industrieuse à flanc de gorge. En 2007, elle présentait  des peintures qui semblaient venir de loin, recouvrant autant que désignant les objets, avant de les laisser partir. Des images colorées puis assourdies, comme les mystérieuses résurrections de visions rescapées et pacifiques.

Jean Nazelle est graveur. Il croit au réel et le transforme, le féconde de son imaginaire alerte, de ses secrets aussi. Il affiche des listes de projets et réalise tout ce qui le traverse, indifférent aux étiquettes. Pourtant, comme un thème au-delà des thèmes, transformation et disparition hantent son œuvre. Des séries s’articulent autour de l’addition et de la soustraction, des combinaisons et  permutations, parfois jusqu’au confins du lisible.

Anne Peverelli vit à Lausanne et a exposé en 2002 et 2006 des peintures sur toile et sur papiers. Son geste est simple comme une évidence qui ravit, la synthèse sans fioriture de la sensibilité et du pragmatisme. La flaque que produit un pinceau qui goutte, des coulures qui s’organisent en réseau, les traces de gestes de peinture… ou comment la réalité fait signe.

LA VIE EN GUYMAUVES

La Fondation Louis Moret présente une exposition de Mireille Gros au titre légèrement sucré, La vie en guymauves. Derrière cette suavité se trouve une artiste à l’énergie créatrice intense, en phase avec les manifestations les plus sensibles de la vie organique dont elle assimile les processus de croissance.

Le jardin de la Fondation Louis Moret a inspiré cette exposition. Il y a un peu plus d’un an, Mireille Gros y a pris une photo, une abeille plongeant dans le cœur de pollen d’une rose trémière très rose, qui est devenue la sérigraphie emblématique de ce projet poétique. L’abeille alourdie de nectar, la fleur saturée de lumière et les nervures roses ont rejoint le monde de Mireille Gros. Photographie, dessin, gravure, peinture, vidéo, l’artiste utilise tous les outils plastiques à sa disposition, sans hiérarchie mais en réponse intuitive à un contexte. Cette liberté ingénue l’autorise à mêler dessins à la pointe bille et aquarelle, papiers Rives et feuilles recyclées, empreintes de plantes et dessins linéaires au crayon, à actualiser une plaque de gravure par un encrage inédit au pigment exotique.

La démarche artistique de Mireille Gros est libre et gracieuse. Elle échappe à la pesanteur des conditionnements et cultive la disponibilité, se saisit du réel dans toutes ses dimensions, attrape le monde au passage et le transforme en langage de trouvailles. Et collectionne, en voyageant, des stylos à bille et à encre, des papiers, des pigments, des images inspirantes. Ainsi s’avance-t-elle, réceptive, innocente et savante, douée d’une intuition de la forme vivante, et comme elle, s’adaptant aux conditions de son environnement. Mireille Gros n’est pas déterminée par la volonté de s’ancrer dans les images, au contraire; relativement indifférente aux techniques traditionnelles et aux repères stylistiques, elle navigue au gré des souffles auxquels elle s’accorde.

Elle a cependant un solide parcours et beaucoup d’expérience. Qui l’autorisent à s’affirmer dans des lignes fines et incisives, des flaques d’eau colorées, des fleurs un peu pop aux éclats de pollen argenté, des tiges graciles, le fouillis et quelques images saturées. Mireille Gros assume la complexité autant que l’extrême simplicité et sait que, nées d’un plein – des collections d’images qui remplissent des dizaines de carnets, visibles dans la vidéo Mes 10 000 idées – ses images perdurent encore dans le presque rien. Une abeille chargée de pollen butine au jardin de Louis Moret; arômes et parfums, les dessins, la vie en rose, on dirait La vie en guymauves.

Marie-Fabienne Aymon